C'est un peu le cas partout dans le monde occidental, le commerce en ligne se porte bien. Nous avons déjà eu l'occasion d'en parler à propos des ventes de livres, le fait est que ces bons résultats ne concernent pas seulement le secteur de l'édition. Ce matin, la Fevad a présenté à Bercy son bilan du e-commerce. Petit tour d'horizon des chiffres à retenir.
Le point de vue du ministre
La Ministre de l'Artisanat, du Commerce et du Tourisme, Sylvia Pinel, a prononcé un discours d'introduction avant de céder la place aux responsables de la Fevad (Fédération du e-commerce et la Vente à distance). Mme Pinel a bien sûr salué la « bonne santé du e-commerce » en France.
Sinon, des propos de la ministre, il fallait retenir la volonté de ne pas opposer commerce physique et commerce physique, peut-être une manière de nuancer les propos d'Aurélie Filippetti sur Amazon et Virgin.
Elle a insisté sur la complémentarité de ces deux formes de commerce, en ajoutant que toutes les entreprises avaient à « bénéficier du développement d'internet ». Elle a aussi rappelé ce que démontre l'étude de la Fevad, à savoir « l'engouement des Français pour le commerce en ligne ». Bref, un discours optimiste dans son ensemble.
Toutefois, la question de la fiscalité a été évoquée : « On ne peut accepter la délocalisation des bases fiscales de certaines entreprises. » Cette réalité de l'Internet (on pense bien sûr à Amazon, pointé du doigt ces derniers temps) doit être pensée à un niveau international. Selon la ministre, il est nécessaire d'avoir « une fiscalité pensée pour préserver la compétitivité des entreprises. » Ceci pourrait passer par une taxe sur les services en ligne directement dans le pays du consommateur.
Enfin, elle a indiqué sa volonté, et celle du gouvernement, de continuer à travailler avec la Fevad dont par ailleurs elle a salué les efforts.
Les chiffres de la Fevad
Ensuite, c'est le président de la Fédération, François Momboisse, qui a pris la parole pour lancer la présentation des chiffres de l'année 2012. Selon lui, il y a deux principaux chiffres à retenir. D'une part, la confiance accordée par les Français au commerce en ligne, et ce, quel que soit leur âge. Et d'autre part, il a mentionné la hausse de la fréquence d'achat en ligne, même si le prix moyen du panier a baissé. Question fiscalité, il a affirmé ne pas être favorable à une taxe spécifique pour le commerce en ligne.
danielbroche, CC BY 2.0
Le montant moyen des transactions a atteint son niveau le plus bas (85 €) soit une baisse de 3 % par rapport aux chiffres de 2011. Une baisse qui a été compensée par une hausse du nombre de transactions, ainsi qu'une hausse du nombre de visiteurs-acheteurs.
Les différentes présentations ont révélé plusieurs données importantes. Retenons en particulier la croissance globale du marché qui s'élève en 2012 à 19 %, pour un chiffre de ventes de 45 milliards d'euros. Preuve que le marché du commerce en ligne est toujours aussi dynamique, il existe 17 % de sites marchands en plus par rapport à l'année dernière.
Autre élément important, les grands sites bien connus ne dominent pas autant le marché qu'on pourrait le penser. En France, contrairement à d'autres pays, il y a une vraie place sur le web marchand pour les PME et les TPE. Une forme d'atomisation du marché qui n'est pas néfaste, puisque cela représente notamment de nouveaux emplois, davantage que les acteurs eux-mêmes espéraient. Cela dit, il faut savoir que 80 % des sites en question réalisent moins de 100 transactions par mois.
À noter aussi le développement très important des market place (places de marché), qui hébergent les petites entreprises, et constituent à cet égard des plateformes jouant un rôle crucial. En revanche, la France peut encore progresser par rapport aux pays européens, notamment l'Allemagne et la Grande-Bretagne où le commerce en ligne en encore mieux implanté dans les habitudes des consommateurs.
Enfin, nous pouvons mentionner que les prévisions de la Fevad (en règle générale assez exactes) annoncent un marché d'une valeur de 53 milliards d'euros pour cette année. En 2015, on devrait même passer à 71,5 milliards. Ceci peut s'expliquer en partie par le développement que connaît actuellement la vente à partir de smartphones et de tablettes, l'un des autres aspects clés du rapport de la Fevad. Le m-commerce a en effet connu une forte hausse au cours de l'année 2012. Si ces ventes ne représentent pour l'heure que 2 % du marché, la hausse se chiffre toutefois à 160 % en un an. Une tendance qui devrait se confirmer.